Communiqué de presse – Rentabilité et revenu agricole : une mise au point nécessaire

Communiqué de presse – Rentabilité et revenu agricole : une mise au point nécessaire

À la suite d’une interview où je déclare : « J’en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs (…) La rentabilité de l’agriculture par des produits chimiques, au détriment des sols, de la biodiversité et de notre santé, ce n’est pas de la rentabilité, c’est de l’argent sale », plusieurs éditorialistes, principalement de médias d’extrême droite, ont délibérément confondu rentabilité et revenu, dans le but de faire croire que je ne me soucie pas du revenu des agriculteurs. 

Ce que j’ai dénoncé par ces propos, ce n’est évidemment pas la question du revenu des agriculteurs, dont je défends pleinement la garantie, mais un modèle agro-industriel à bout de souffle, qui impose une rentabilité maximale à la production agricole au détriment des agriculteurs eux-mêmes.

Ce modèle écrase les agriculteurs, les met en concurrence permanente, les pousse à s’endetter et à s’épuiser. Il détruit leurs conditions de travail, leur santé, et leur avenir. Il entretient depuis des décennies une crise sociale qui s’amplifie :  18 % des foyers agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, l’endettement moyen atteint 200 000 € par exploitation, 27 fermes disparaissent chaque jour, et l’on estime qu’au minimum un agriculteur se suicide tous les deux jours. Ce n’est pas l’écologie qui est responsable de cela, mais bien le libéralisme productiviste et sa recherche de rentabilité.

À cette tragédie sociale s’ajoute une crise écologique profonde : pollution des nappes, prolifération des algues vertes, perte de biodiversité, souffrance animale, déforestation, et atteintes à la santé publique (cancers etc…). Une agriculture “rentable” qui détruit les sols, les animaux, le vivant et les humains n’est pas un progrès : c’est une impasse.

La loi Duplomb votée la semaine dernière représente un dangereux coup d’accélérateur à cette dérive. Elle aggrave la crise écologique, au mépris de la santé de nos enfants. Au lieu de renforcer la résistance de notre agriculture face aux défis actuels, elle l’aligne, au nom de la rentabilité, sur une concurrence internationale aussi déloyale que destructrice. C’est ce que j’ai critiqué dans mon intervention. Ce n’est pas être “contre les agriculteurs” que de refuser un système qui les broie. C’est, au contraire, leur rendre justice, en défendant un autre avenir pour eux.

En tant qu’écologiste, j’assume pleinement de dire que l’objectif de l’agriculture n’est pas d’être “rentable” et je soutiens la socialisation partielle du revenu agricole, pour garantir un revenu digne, stable et indépendant des prix du marché. Je défends un modèle agricole soutenable, qui rémunère et valorise les paysans, protège les écosystèmes et respecte les animaux. N’en déplaise à l’extrême droite et aux libéraux.

Sandrine Rousseau Députée

Publications similaires