Ce n’est pas la colère mais l’opacité qu’il faut dissiper

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    • Alizee Gudefin
      09.11.2025 à 12h07 #2402

      Je voudrais dire d’emblée que notre colère est légitime. Elle ne vient pas d’un excès d’affect mais d’un constat répété : nous savons ce qui doit être fait pour faire face au changement climatique et pourtant nous voyons l’inaction, les renoncements, ou des politiques dont les effets sont mal distribués.
      La colère naît lorsque les valeurs auxquelles nous tenons sont bafouées: aujourd’hui, la justice sociale et la responsabilité partagée selon moi.
      Mais dire que la colère est légitime ne suffit pas. Si elle reste sans prise sur le réel, elle se transforme vite en découragement ou en cynisme. Charles R. Snyder montre que la colère ne devient mobilisatrice que si trois conditions sont réunies :
      Goal: un objectif clair, compréhensible ;
      Pathways: la perception de chemins concrets pour atteindre cet objectif ;
      Agency: le sentiment que nous pouvons agir sur ces chemins.

      Dans le débat climatique, l’objectif est clair mais l’absence de lisibilité des politiques publiques alimente la (ma ?) colère. Pour y remédier, j’aimerais renvoyer vers un outil, sorte de framework multidimensionnel proposé par Panda et al. dans un article récent. Il permet d’évaluer les politiques de transition non pas sur un seul critère, mais sur quatre dimensions simultanées, et donc de rendre visibles les arbitrages :
      1. Décarbonation
      2. Compétitivité économique
      3. Justice sociale / transition juste
      4. Sécurité d’approvisionnement / souveraineté technologique

      Aujourd’hui, ces arbitrages existent déjà mais ils sont invisibilisés. J’aimerais que les politiques aient à assumer leurs choix, que les journalistes relaient ces informations et in fine que le public puisse se forger une opinion éclairée. Notre colère face à l’inaction sera encore plus forte si nous sommes tous correctement informés , le débat démocratique plus vif, et cela renforcera notre capacité d’agir, individuelle et collective.

      Il ne s’agit pas de calmer la colère, ni de s’en excuser mais de lui donner des prises réelles.
      Notre colère ne dit pas seulement ce que nous refusons. Elle dit que nous ne renonçons pas.

      Lien vers l’article: Panda A, Shears E, Schenuit F,Gong W, Egli F (2025) A framework to assess green industrial policy and inform the public debate. PLOS Clim 4(5): e0000614. https://doi.org/10.1371/journal.pclm.0000614

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