Le cannabidiol, communément appelé CBD, est une molécule issue du chanvre (Cannabis sativa L.). Contrairement au THC, le CBD n’a pas d’effets psychotropes. Le CBD suscite un intérêt croissant pour ses propriétés thérapeutiques présumées. Huiles, crèmes, gélules… Les produits au CBD fleurissent dans les rayons bien-être. Mais le CBD pourrait aussi avoir un rôle à jouer dans la décontamination des sols pollués, aussi appelée phytoremédiation.
Comprendre la phytoremédiation : Un processus naturel
La phytoremédiation est un procédé écologique qui utilise des plantes pour absorber, dégrader ou contenir les polluants présents dans l’environnement, notamment les sols et les eaux souterraines. Certaines plantes ont en effet des capacités naturelles à capter, accumuler, stabiliser ou dégrader les contaminants tels que les métaux lourds. La phytoremédiation apparaît donc comme une alternative intéressante aux techniques de dépollution traditionnelles, souvent coûteuses et peu respectueuses de l’environnement.
Le rôle du Cannabis dans la Phytoremédiation
Le chanvre (Cannabis sativa L.) suscite un intérêt croissant dans le domaine de la phytoremédiation. Cette plante robuste et à croissance rapide possède des aptitudes intéressantes pour décontaminer les sols pollués par les métaux lourds.
Le principe de la Phytoremédiation : comment ça marche ?
Lorsque les plantes poussent dans un sol contaminé, elles absorbent et concentrent les polluants dans leurs tissus. Ces contaminants peuvent alors être récoltés avec la plante, et éliminés de manière appropriée. Certaines plantes sont hyperaccumulatrices, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité d’absorber et de concentrer les polluants à des taux très élevés. Le chanvre fait partie de ces plantes prometteuses pour la phytoremédiation.
Le CBD et la décontamination des sols
De récentes études suggèrent que le CBD pourrait stimuler les capacités de phytoremédiation du chanvre. En effet, cette molécule augmenterait la croissance des plantes et améliorerait leur résistance aux métaux lourds. Le CBD agirait comme un chélateur, complexant les ions métalliques dans la plante.
Etudes de cas sur l’usage de Cannabis dans la Phytoremédiation
Plusieurs expériences concluantes ont été menées ces dernières années. En 1998, l’industriel Henry Ford a fait pousser du chanvre sur un ancien parking contaminé au cadmium, au chrome et au plomb. Résultat : les taux de métaux lourds dans le sol ont été réduits de plus de 90% en une saison de croissance. Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, le biologiste ukrainien Slavik Dushenkov a utilisé du chanvre pour décontaminer les sols pollués par le césium 137 et le strontium 90 radioactifs. En seulement quelques années, les niveaux de radiation ont pu être diminués de façon spectaculaire. En Italie, la région des Pouilles a lancé en 2020 un programme pilote de culture de cannabis à des fins de phytoremédiation. Des variétés de chanvre industriel sont cultivées sur des terrains contaminés par l’aciérie Ilva à Taranto.
Avantages du CBD en Phytoremédiation
L’utilisation de CBD présente plusieurs atouts pour la phytoremédiation : Stimulation de la croissance et de la biomasse végétale Meilleure absorption et rétention des métaux par la plante Résistance accrue du chanvre aux polluants Molécule naturelle et non toxique Potentiel de valorisation du CBD après récolte
Défis et limites de l’utilisation du CBD dans la Phytoremédiation
Malgré son fort potentiel, l’usage du CBD en phytoremédiation doit encore surmonter certaines limites :
- Manque de recul sur l’efficacité à long terme
- Coût encore élevé de la culture du chanvre CBD
- Cadre réglementaire complexe sur le cannabis
- Difficulté à traiter certains polluants comme les solvants chlorés
- Risque de transfert des contaminants dans la chaîne alimentaire
Des recherches plus poussées sont nécessaires pour dépasser ces défis et démontrer la fiabilité du CBD pour assainir les sols à grande échelle.
Perspectives d’avenir pour le CBD dans la Phytoremédiation
L’utilisation innovante du CBD ouvre des perspectives prometteuses pour dépolluer les sols de façon écologique. À l’avenir, on peut imaginer des cultures de chanvre CBD dédiées à la phytoremédiation, sur des friches industrielles et des sites contaminés. Les plantes pourraient ensuite être valorisées pour extraire l’huile de CBD et d’autres composés d’intérêt, contribuant à rentabiliser l’opération. Des programmes pilotes se développent déjà dans cette optique en Europe et en Amérique du Nord.
À terme, le CBD issu de la phytoremédiation pourrait devenir une source durable de cannabinoïdes pour les produits de santé et de bien-être. Une belle opportunité pour verdir la filière chanvre, tout en restaurant des sols pollués !